On en Discute ? Avoirs en Déshérence : Le casse-tête de l’identification
On en Discute ? Avoirs en Déshérence : Le casse-tête de l’identification
Parmi les nombreux cas traités, j’ai souvenir d’avoir eu une demande pour retrouver John Smith à Londres dans les années 60… sans autres informations. J’avoue ne pas avoir accepté le dossier, tant le risque d’homonymie était élevé. Souvent ignorée, l'identification d'un titulaire peut s’avérer être une étape particulièrement difficile dans le cadre du traitement des avoirs en déshérence. En effet, sur de très vieux comptes, les informations disponibles sont parfois quasi-inexistences : un prénom et nom de famille et dans le meilleur des cas une adresse, une ville, voire un pays... Les choses se compliquent avec les titulaires de sexe féminin : S’agit-il de son nom d’épouse ou de son nom de jeune fille ? Le détail a son importance car, dans certains pays, seul le nom de jeune fille permettra d’identifier la titulaire et de déterminer son destin et inversement. Lorsque nous faisons face à l'absence de données pertinentes pour identifier une personne, il faut faire preuve de créativité et de persévérance pour surmonter les obstacles. Pour cela, le moindre élément au dossier qui peut sembler anodin, pourra être l’indice qui débloquera la recherche. La coopération du client sera donc, dans cette hypothèse, primordiale. Il peut s’agir d’un spécimen de signature, d’un lieu figurant sur un document, d’une date (ouverture, dernier contact), de noms comme ceux des mandataires, d’un métier, d’une note … D’après les éléments fournis, un travail méthodique va s’enclencher pour analyser et recouper des données existantes. A partir des indices disponibles il faudra formuler des hypothèses sur l’identité de la personne et rechercher des preuves pour la confirmer. On utilise pour cela la méthode du « cluster généalogique » afin de rassembler un faisceau d’indices concordant vers une seule et unique personne.
** Constituer un « Cluster Généalogique » : **
- Etudier les noms de famille et prénoms en notre possession : Ils pourront en effet donner des indices des influences culturelles, religieuses ou ethniques, fournissant des indices sur les origines géographiques de la famille. La popularité de certains prénoms à une époque donnée peut refléter des tendances sociales et culturelles, aidant à situer les individus dans leur contexte historique.
- Étudier les personnes apparaissant dans le dossier : En étudiant des personnes apparaissant ou citées dans le dossier de la personne recherchée, le chercheur peut découvrir des liens et des informations pertinentes.
- Réunir des indices dispersés : Recouper les petites informations disponibles dans différents documents pour construire une image plus complète de la personne. A titre d’exemple, nous avons pu identifier une femme, grâce à un vieux flyer publicitaire pour une marque de bière aujourd’hui disparue, qui était resté dans le dossier. En étudiant tous les éléments disponibles liés à cette marque (date, village de production, identité des brasseurs et de la famille) il s’est avéré qu’elle était l’épouse de l’un des brasseurs.
- Déterminer un contexte historique : S’il existe une date et un lieu, comprendre les événements historiques, sociaux et économiques de l'époque peut fournir des indices sur la personne recherchée.
- Passer en revue les journaux et avis de décès : Les avis de décès et les articles de presse peuvent fournir des informations précieuses sur les personnes et leurs familles.
- Retracer l’historique d’une adresse : Si par chance, une adresse est à notre disposition, effectuer un travail de recherche sur l’historique de ses habitants peut s’avérer parfois payant.
- Consulter les annuaires, registres de métiers, registres du commerce : Ces documents peuvent aider à identifier la personne et fournir des informations contextuelles sur sa vie.
Au cluster généalogique, il est toujours intéressant et plus confortable d’associer un spécimen de signature.
**L’étude du spécimen de signature : ** La signature peut être un outil précieux pour identifier une personne. Elle est souvent un moyen de « fixer » le temps et de déterminer des périodes de recherches. Elle peut même donner un aperçu de la personne et de son milieu en étudiant sa taille, sa forme, sa lisibilité, sa fluidité, l’hésitation ou l’aisance avec laquelle elle a été tracée …
Les sources sont multiples mais inégales selon les pays. A titre d’exemple, on peut citer :
- Les documents officiels tels que les testaments, actes notariés, contrat de mariage, etc.
- Les actes de mariage,
- Les dossiers de naturalisation,
- Les actes de sociétés.
La liste est loin d’être exhaustive et s’adaptera en fonction du pays d’investigation. Pour ma part, j’essaie toujours de me procurer plusieurs spécimens de signature d’une même personne sur différentes périodes, pour procéder à des recoupements. En effet, il faudra toujours être prudent car les signatures changent avec le temps, peuvent se transformer en paraphe, où son auteur peut également avoir changé de nom … L'absence de données pertinentes pour identifier une personne représente un défi majeur, mais en utilisant une combinaison de sources alternatives, d'analyses rigoureuses, il peut souvent être surmonté. La clé est de rester persévérant, précautionneux, méthodique et ouvert à explorer toutes sources. Un rapport clair, pertinent et documenté, pourra alors fournir au client tous les éléments lui permettant de conclure à l’identification de la bonne personne.